Communiqué de presse · Jeudi 19 novembre 2020

Réunie en Assemblée des Délégué·es mardi 17 novembre, la Société Pédagogique Genevoise (SPG) a voté à l’unanimité une résolution prenant position contre le dispositif de continuité de l’enseignement à l’école primaire prévu par la direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO). La SPG refuse cette tentative de la DGEO d’imposer des pratiques d’enseignement à distance qu’elle juge inapplicables dans les faits et éthiquement inacceptables.

La SPG demande donc explicitement au département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse (DIP) et à la DGEO de retirer ce dispositif afin d’en produire une nouvelle version en concertation avec le syndicat.

L’enseignement à distance: un leurre

La SPG rappelle également qu’un enseignement à distance est par définition impossible pour garantir l’égalité des chances à l’école obligatoire. Le semi-confinement de ce printemps a montré que la relation pédagogique construite “en présentiel” est indispensable pour l’apprentissage et l’accompagnement des élèves. Il est notamment inacceptable que des élèves de l’école primaire soient évalués sur des notions nouvelles enseignées à distance.

La SPG relève enfin qu’un enseignant·e ne peut en aucun cas prodiguer une double prestation en gérant conjointement l’école à distance pour les élèves en quarantaine et l’enseignement en présentiel pour les élèves présent·es en classe.

Le comité de la SPG, alerté par le degré de fatigue des collègues, a demandé le 12 novembre au Conseil d’Etat de réintroduire un dispositif de classes partielles dont les modalités seraient pensées avec les partenaires. Nous devons malheureusement prendre note de son indifférence. Le Conseil d’Etat persiste en effet à minimiser l’impact de la situation sanitaire dans les écoles et renonce ainsi à prendre des mesures pour protéger enseignant·es et élèves tant au niveau sanitaire qu’au niveau psychologique. La SPG ne peut donc que constater, une fois de plus, la rupture du dialogue social avec le département et la direction générale. Rupture justifiée au motif de la “crise sanitaire”, mais comment le DIP justifie-t-il le manque de consultation des partenaires devenu trop systématique ces dix dernières années?

Injonctions contradictoires et velléités de contrôle

Après une apparente prise de conscience ce printemps de nos gouvernements fédéraux et cantonaux des véritables objectifs de l’école et de l’engagement sans limite des enseignant·es, il semblerait malheureusement que nos dirigeant·es de tous les niveaux aient repris leurs habitudes de contrôle. Depuis la rentrée, les injonctions pédagogiques absurdes et souvent contradictoires pleuvent. L’expérience de terrain des enseignant·es démontre qu’il est impossible de maintenir les écoles et leur fonctionnement habituel dans la situation exceptionnelle que nous vivons. Il est impensable de contraindre les enseignant·es à respecter strictement les programmes et les délais trimestriels, tout en prétendant appliquer des mesures sanitaires qui prétendent garantir la sécurité des élèves et des enseignant·es dans les écoles tant ces injonctions sont contradictoires et inconciliables. Le Conseil d’Etat reconnait du bout des lèvres l’état d’épuisement du personnel soignant, mais le DIP et la DGEO nient carrément l’épuisement qui commence à affecter également le corps enseignant. Il est du devoir de l’employeur de l’entendre et, dans ce contexte exceptionnel, de trouver des réponses exceptionnelles pour soulager les écoles.

La SPG regrette surtout que le Conseil d’Etat persiste dans une stratégie complètement déconnectée de la réalité, qui tend à faire croire que tout est sous contrôle dans un monde qui s’effondre. Les mesures prises par le Conseil d’Etat ne laissent plus de doutes quant à ses choix politiques et il apparaît clairement que maintenir une école de qualité ne fait pas partie de ses priorités.