Francesca Marchesini

Billet de la présidente · L’Educateur · Septembre 2020

La COVID-19 teinte cette rentrée scolaire d’une manière particulière et engendre un cadre scolaire instable dans lequel la personnalité et l’intégrité des enseignante·s sont sérieusement exposées.

Ainsi, lorsque deux classes ont été mises en quarantaine la semaine de la rentrée, la SPG et la Fédération des enseignant·es genevois·es (FEG) ont dû constater et dénoncer le mardi 8 septembre, dans un communiqué de presse, le manque de protection médiatique de ses membres. En effet, les informations apparaissant dans la presse permettaient d’identifier précisément le membre du personnel testé positif. Les organisations membres de la FEG estiment que le Département de l’instruction publique (DIP) a un devoir de protection envers ses collaboratrices et ses collaborateurs en vertu de la procédure P.RH.00.17 et qu’il lui revient, dans cette situation, afin d’éviter qu’elle ne se répète, de respecter et faire respecter la loi sur la protection des données et d’entamer une action, en portant plainte contre X ou en dénonçant les personnes responsables de cette fuite. Il en va de la légitimité du département.

Par ailleurs, les organisations membres de la FEG considèrent comme fallacieuses les communications insinuant que le remplaçant serait responsable de la mise en quarantaine de ces deux classes. Comment aurait-il pu donner l’assurance d’avoir appliqué à la lettre les consignes d’un plan de sécurité sanitaire aussi inapplicable qu’incohérent et ce, dans les différentes fonctions de l’enseignement primaire et spécialisé?

Trop de mesures incohérentes

La tournure des évènements démontre de surcroit que ces mesures ne servent à protéger ni les élèves ni les enseignant·es, mais avant tout les hauts cadres et l’institution. La SPG suivra avec attention le traitement des situations à venir afin de s’assurer du soutien de la Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO) et du DIP et du respect de la protection des données des enseignant·es.
La SPG a d’ailleurs interpelé à de nombreuses reprises, depuis le mois de mai, la DGEO et le DIP concernant ce plan de sécurité sanitaire et regrette de ne jamais avoir été consultée dans le cadre de sa rédaction. En effet, de nombreuses incohérences auraient pu être évitées si des professionnel·les du terrain avaient contribué à son élaboration, articulant les mesures de salubrité publique aux problématiques relevées par leurs soins.

L’intégrité, un droit fondamental à quémander?

Toutefois, il n’y a pas que dans les médias que l’enseignant·e est exposé·e. En effet, tous les jours à l’école et en classe, les incohérences se multiplient et la confusion persiste. Selon les préconisations de la médecin cantonale, «un masque par jour doit être mis à disposition des enseignant·es au sein de chaque école afin que sur la base de leur propre évaluation, ils ou elles puissent l’utiliser selon leurs activés pédagogiques et professionnelles». Il est dès lors inacceptable de restreindre l’accès aux masques en contraignant les enseignant·es à effectuer une demande motivée auprès de leur direction d’établissement pour en obtenir un. L’enseignant·e ne devrait pas être contraint·e de quémander le droit fondamental à son intégrité, pour sa protection et celle de ses proches.

La SPG a rappelé au directeur général que les enseignant·es sont des professionnel·les engagé·es, formé·es et responsables. Si l’on peut comprendre qu’il est important de favoriser le respect des distances sanitaires, le corps enseignant a largement les compétences lui permettant de déterminer les situations qui nécessitent le port du masque.

Francesca Marchesini, présidente de la SPG


Ce billet est paru dans le journal L’Educateur · Septembre 2020