Communiqué de presse · Vendredi 27 aout 2021

Lors de sa conférence de presse concernant la rentrée scolaire du 24 aout 2021, la conseillère d’État chargée du DIP s’est voulue rassurante en présentant les chiffres de la rentrée. Afin de démontrer que la pandémie n’aurait pas affecté les apprentissages des élèves, elle présenté leurs résultats de fin d’année en relevant qu’il n’y avait pas de différence significative entre les résultats de l’année scolaire 2020-21 avec les années précédentes. Malheureusement, les notes ne donnent aucune indication sur les compétences acquises par les élèves et ne peuvent donc être comparées d’année en année, puisque les enseignant·es adaptent évidemment le contenu évalué au programme effectivement couvert lors de l’année. Ainsi, nous sommes inquiet·es pour les élèves genevois·es et particulièrement pour les plus fragiles.

Hausse des besoins et moyens insuffisants

La Conseillère d’État relève d’ailleurs que l’office médico-pédagogique (OMP) fait face à une forte augmentation des demandes qui ne peut s’expliquer par la simple inflation démographique. Sur le terrain (dans les écoles et les différentes structures de l’OMP), faute de moyens suffisants, cette augmentation des demandes se traduit par une baisse des heures de soutien accordées aux élèves dans le cadre, par exemple, des prestations de soutien pédagogique en enseignement spécialisé (SPES), des enseignant·es qui interviennent directement en « appui » aux élèves du spécialisé, notamment lorsqu’ils·elles sont maintenu·es dans l’enseignement régulier. La SPG dénonce depuis des années les difficultés croissantes de prise en charge des élèves à besoins spécifiques dans des classes du primaire dont les effectifs augmentent chaque année.

L’enseignement spécialisé manque donc cruellement de moyens, malgré l’augmentation de postes accordée en 2021 pour faire progresser la politique publique de l’école inclusive à Genève. De fait, l’OMP, responsable de la mise en œuvre de l’accès à cette prise en charge, accommode son identité, ses missions et ne cesse de réorganiser les prestations, sans pratiquement aucune concertation du personnel.

Direction problématique et inquiétudes sur la situation du personnel

La SPG et le SIT déplorent une direction générale de l’OMP déconnectée des réalités du terrain. La multiplication des décisions unilatérales et le manque de consultation des collaborateur·trices découragent le personnel. De plus, nous constatons un « turn over » important dans les équipes, une augmentation des départs et des burn out en augmentation. Le nombre de personnel au statut précaire est très important : un tiers des postes de l’OMP sont assumés par des remplaçant·es!

Il est aujourd’hui urgent de clarifier les missions de l’OMP afin de permettre à ses collaborateur·trices de pouvoir faire ne serait-ce que leur travail et assurer une prestation de qualité.

Un démantèlement de l’OMP qui ne dit pas son nom

De toute évidence, l’OMP a besoin de davantage de moyens pour répondre aux élèves les plus fragiles. La SPG et le SIT craignent une forme de démantèlement d’une structure unique en Suisse qui répondait de manière adéquate aux besoins du canton. En effet, à vouloir faire une école inclusive sans s’en donner les moyens, l’école risque de devenir exclusive !

Faute de moyens pour anticiper et construire des projets pérennes, l’institution n’intervient souvent que trop tard, lorsque les situations sont déjà souvent critiques. Depuis l’introduction de l’école inclusive, l’OMP semble devenir la victime d’une forme de diabolisation où il faudrait à tout prix maintenir un maximum d’élèves dans l’enseignement régulier. Or, dans certaines situations, cette injonction génère des situations qui relèvent de la maltraitance.

A la suite de graves dysfonctionnements des ressources humaines, le SIT, la SPG et la commission du personnel ont adressé différentes demandes de rencontre à la conseillère d’État chargée du DIP qui restent, à ce jour, sans réponse.

Assemblée du personnel et lancement d’une pétition

Les syndicats et la commission du personnel convoquent donc une assemblée du personnel lundi 6 septembre après laquelle une pétition devrait être lancée pour demander notamment la mise en place d’un suivi de la direction générale pour rompre avec la maltraitance institutionnelle, une meilleure concertation des syndicats et des associations représentatives du personnel pour des décisions adaptées aux réalités et aux besoins du terrain, une clarification des missions de l’OMP et surtout les moyens pour lui permettre de les réaliser.

En ce contexte, il semble indécent d’annoncer comme chaque année que tout va bien, ne serait-ce que par respect pour les collaborateur·trices contraintes de travailler dans des conditions intenables depuis des années. L’OMP a impérativement besoin de plus de ressources, ainsi que l’école primaire pour répondre d’une part aux besoins importants générés par la pandémie mais également pour compenser des années de fonctionnement avec un budget largement insuffisant pour répondre aux besoins de toutes et tous les élèves.